Le Guide Nutritionnel Vegan

Critique du livre

Il y a une semaine, les éditions La Plage ont publié le tout premier Guide Nutritionnel Vegan en format poche, écrit par Sonja Reidenhäuser. Il est disponible pour la modique somme de 6.50 euros, ou moins pour Kindle.

Je l’ai acheté d’une part parce que je voulais me documenter, et d’autre part parce que j’avais en projet d’écrire un article pour vous dire à quel point je le trouvais chouette. Malheureusement, il y a quelques points qui m’ont beaucoup dérangée et qui font que je me sens plutôt mitigée par rapport à ce bouquin.

La première chose à souligner est que même si ce que l’auteure explique n’est pas faux, le fait de parler des ‘nombreuses études qui prouvent que…’ sans en citer une seule, ni en note de bas de page, ni à la fin de son livre, me rend tout de suite très méfiante. Je sais que c’est un livre de vulgarisation du sujet, mais ça ne coûte rien de mettre ces infos pour les gens que ça intéresse, le seul risque étant de gagner en crédibilité.

Impossible donc de remonter aux études auxquelles elle fait référence et ça me pose un problème, surtout quand des sources que j’estime plus fiables contredisent ce que l’auteure raconte. Par exemple, cette page de l’université de Harvard sur les différents types de gras donne le lien d’une étude récente qui a montré qu’apparemment manger plus de ‘bons gras’ que de carbohydrates était meilleur pour la santé alors que l’auteure explique qu’un régime sain en terme de proportion des macronutriments est composé de 55% de glucides, 30% de lipides et 15% de protéines.

De plus, même si l’idée d’insérer des tableaux est chouette, pratique et utile (tableau des additifs alimentaires, tableau des valeurs nutritives pour différents types d’aliments ainsi que celui des besoins journaliers en vitamines et minéraux), elle ne mentionne de nouveau aucune source, alors que ces tableaux constituent quand même 42 pages sur 107.

Je sais aussi qu’on est encore loin de comprendre comment le corps humain fonctionne par rapport à la nutrition. Mais si on se permet d’écrire un livre, aussi petit soit-il, sur ce sujet, ça me semble être la responsabilité de base de l’auteur/e de bien se documenter ET de bien documenter le livre en question pour pousser les gens à se renseigner un peu plus plutôt que de tout devoir engloutir sans se poser de questions.

Finalement, l’auteure fait des espèces de liens entre des éléments qui n’ont pas grand chose à voir les uns avec les autres. Dire que ‘les vegans optent pour des produits locaux et de saison’ c’est une généralisation aberrante. Combien de vegans achètent des produits bourrés d’huile de palme en étant tout contents de ne pas faire de mal aux animaux ? (Il faudrait leur montrer ce qui arrive à la faune de la forêt qu’on rase pour planter des palmiers à huile.) Comprenez que je ne dis pas que les vegans sont moins attentifs que les personnes suivant un autre régime alimentaire, je dis juste qu’être vegan ce n’est pas forcément acheter de manière consciente et attentive. Un autre exemple en page 11: ‘les vegans consomment peu d’alcool, fument rarement et bougent davantage’. Ah bon ? Je veux bien la SOURCE. J’ai déjà vu des vegans fumeurs qui boivent et ne bougent pas tant que ça. Et moi j’aime bien boire sans être une grande sportive.

Ces points négatifs étant dits, on trouve dans le Guide Nutritionnel Vegan deux-trois astuces sympas pour remplacer les produits animaux pour ceux qui veulent, ainsi que quelques recettes qui valent la peine d’être essayées. J’aime aussi beaucoup le fait que l’auteure encourage les gens à privilégier les épiceries en vrac ou les emballages bio-dégradables, et son ‘garde manger végétalien’ est sans doute très pratique pour des gens qui souhaitent se lancer en ne sachant pas trop quoi mettre dans leur panier de courses.

A vous de voir, donc, si vous jugez utile de vous procurer ce petit manuel.